Attention aux additifs et contaminants alimentaires
On consomme souvent toutes sortes de produits sans se soucier de ce qu'ils contiennent vraiment. Parfois, on regarde l’emballage parce qu'on est curieuse et c'est assez épeurant de voir une longue liste d'ingrédients avec des noms scientifiques inconnus pour un simple paquet de bonbons. De temps à autre, on entend parler des produits conservateurs et des produits chimiques qui sont présents dans ce que l'on mange. On entend dire qu'ils pourraient être nocifs pour la santé. On s’inquiète pour soi-même et ses enfants, ce qui est tout à fait normal. Doit-on porter plus attention à ce que l'on met dans notre panier d'épicerie ?
S'informer
La présence d'additifs alimentaires est souvent indiquée sur l'emballage du produit que vous achetez. Ils portent les noms de conservateurs, émulsifiants, antioxydants et stabilisateurs. Ils peuvent être désignés par le fameux « E », par exemple le E460 (cellulose microcristalline) qui est présent surtout dans les sauces et desserts[1]. Le E460 et d’autres additifs, viennent tout juste de faire parler d’eux dans une toute nouvelle étude réalisée en autre par l'Inserm et voici l’une des constatations des chercheurs : « Après un suivi moyen de 7 ans, les scientifiques ont constaté que des apports plus élevés en celluloses totales (additifs alimentaires correspondant aux codes E460 à E468) étaient associés à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires. En particulier, cette association était spécifiquement observée pour les apports en E460 (cellulose microcristalline, cellulose en poudre) et E466 (carboxyméthylcellulose)[2]. »
Pourquoi et où sont-ils présents ?
Les additifs alimentaires sont utilisés notamment pour augmenter la durée de conservation, pour améliorer le goût ou ajouter de la couleur et pour prévenir l'apparition de microorganismes. Ils sont surtout présents dans les produits alimentaires transformés tels que les chips, biscuits, gâteaux, viennoiseries, crèmes glacées (glaces), boissons, bonbons, gommes à macher (chewing-gums), pains industriels, barres chocolatées, margarine, sachets de soupe, plats préparés, etc.[2,3].
Sont-ils tous dangereux ?
Les additifs sont soumis à des contrôles par les gouvernements, ils font l'objet d'études, certains sont jugés inoffensifs si on respecte les dosages quotidiens tandis que d'autres ont été bannis ou qualifiés comme possiblement nocifs et les lois les concernant sont différentes d’un pays à l’autre[3]. De plus, certains additifs comme les sulfites sont connus pour provoquer des réactions allergiques chez certaines personnes[4].
Qu’en pensent les professionnels ?
La docteure en nutrition Isabelle Huot a rédigé un article pour le journal de Montréal à propos des additifs dans notre alimentation. Voici son conseil : « Chose certaine, même si les études n’arrivent pas à des résultats probants concernant leur nocivité, la réduction de la consommation d’additifs alimentaires est souhaitable. [...] Personnellement, j’ai toujours été en faveur d’une alimentation la plus ‘'propre’’ possible. Si chaque additif pris isolément n’a pas d’impact néfaste sur la santé (en petite dose), qu’en est-il de leur effet cumulatif lorsqu’un produit en contient plusieurs ou encore lorsque la consommation d’aliments ultra-transformés est importante ? Un doute persiste, et je ne peux que continuer à encourager les produits présentant le moins d’additifs possible[5] ».
En ce qui concerne les enfants, un rapport publié en 2018, réalisé par des médecins de L’Académie américaine de pédiatrie (American Academy of PediatrIcs), souligne l'inquiétude de ceux-ci vis-à-vis de la santé des enfants à cause de l'utilisation délibérée de colorants, d'arômes et de produits chimiques ainsi que des additifs (indirects) qui proviennent des emballages[6]. Cliquez sur ce lien pour voir le rapport : https://publications.aap.org/pediatrics/article/142/2/e20181408/37584/Food-Additives-and-Child-Health?autologincheck=redirected.
Des contaminants en plus...
En plus des additifs dont nous venons de parler précédemment, on doit aussi prendre en considération les polluants présents dans l'eau, la terre et l'air. Citons à titre d'exemples les métaux lourds (comme le plomb, le cadmium et le mercure) et les PCB (polychlorobiphényles) qui peuvent contaminer nos aliments[7]. Et ce n’est pas tout, il faut mentionner l’utilisation des pesticides qui laissent des résidus pouvant avoir des effets néfastes sur les consommateurs. Par contre, ces contaminants sont règlementés et surveillés par les gouvernements[8,9].
Des perturbateurs endocriniens
De plus, des perturbateurs endocriniens présents dans l’environnement comme les insecticides, les solvants industriels et les produits pétrochimiques peuvent affecter le système endocrinien[7]. Voici des exemples de produits pétrochimiques : les colorants, les pesticides, les résines, les plastiques, les caoutchoucs, les fibres synthétiques, les adhésifs, les détergents, ainsi que les peintures et revêtements dérivés du pétrole[8]. Remarquez ici à quel point nous sommes entourés par ces produits. Donc, prenez garde ! Vous pouvez faire votre part au niveau alimentaire, en autre, en utilisant des emballages et contenants qui ne sont pas en plastique (comme le verre) et en évitant aussi de cuire ou chauffer des aliments dans des contenants en plastique (plat, bouteille) comme lorsque vous utilisez le four à micro-onde [6]. Selon les scientifiques, tel que décrit dans le manuel médical Merck (article révisé en 2023) « les perturbateurs endocriniens peuvent affecter le système endocrinien de l’organisme et modifier les taux hormonaux, ce qui provoque des altérations des organes sexuels, de la fonction immunitaire, de la fonction du système nerveux, de la croissance et du développement, ainsi que certains cancers ; ils peuvent également favoriser l’obésité[7] ».
Pour plus d’informations, consultez ce guide élaboré par plusieurs docteurs incluant des affiches explicatives simples. Cliquez sur ce lien pour accéder au guide : http://www.urps-ml-paca.org/wp-content/uploads/2019/06/Guide-Perturbateurs-Endocriniens.pdf.
Médicaments pour les animaux
On n'a pas fini au sujet des contaminants. On n'a même pas parlé des médicaments, des hormones de croissance et antibiotiques que l'on donne aux animaux destinés à la consommation ou aux animaux producteurs de produits consommés par les humains. Aussi, il faut mentionner que les lois changent d’un pays à l’autre, il faut donc s’informer auprès des autorités compétences pour connaitre les détails [7, 11, 12, 13]. Voici ce que dit l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, basée en France) : « L'administration de médicaments vétérinaires à des animaux producteurs de denrées peut entraîner la présence de résidus dans les denrées alimentaires (la viande, le poisson, le lait, les œufs et le miel) obtenues à partir de ces animaux traités.[12] »
Les gouvernements surveillent la présence de ces résidus et imposent des limites, cependant comme l’explique la Dre Shipa N Bhupathiraju (PhD, Harvard Medical School and Brigham and Women's Hospital) : « Ces contaminants sont considérés comme inoffensifs à des niveaux qui n’ont pas causé de maladie ou d’autres troubles chez les personnes. Il est cependant très difficile de déterminer si une petite quantité d’un contaminant a causé un problème. Par conséquent, c’est souvent de l’avis général que des contaminants sont considérés sans danger, plutôt que sur la base de preuves solides. On ne peut être certain que la consommation de petites quantités de certains contaminants sur une longue période est sans danger, mais cela est peu probable avec des
quantités infimes[7] ».
Alors, quoi faire ?
Ne pas paniquer ou tomber dans les extrêmes ! Il faut quand même continuer à manger sainement et en variant ses sources alimentaires. Bien lire les étiquettes, acheter bio si possible[14], faire soi-même sa cuisine en utilisant des aliments naturels et moins transformés. Pour celles qui manquent de temps, il existe des entreprises qui préparent des repas sains sur livraisons.
Cuisiner soi-même
Par contre, le mieux c’est de cuisiner soi-même avec des produits frais. Quels gestes simples pourriez-vous adopter ? Vous pourriez par exemple remplacer les céréales prêtes à consommer pour le petit déjeuner par un bol de céréales chaudes comme un bol de gruau (bouillie de flocons d'avoine) ou essayez cette version froide parfaite pour l’été en cliquant ici. Également, vous pourriez faire vos propres biscuits, barre tendres, gâteaux, pains, car ces produits industriels renferment pour la plupart des additifs[2]. Aussi, essayer un filet d’huile d’olive extra vierge et des fines herbes pour remplacer la sauce à salade, ou bien, lancez-vous dans la fabrication de mayonnaise faite maison.
Des recettes faciles et saines
Si vous êtes en quête de nouvelles recettes saines, le Groupe Womency vous offre plusieurs recettes innovantes à savourer en famille et à partager avec vos amies. Voici une recette santé de popsicles faits maison (bâtonnets glacés faits maison). Avec cette recette, vous n’aurez plus envie des desserts aux additifs douteux du rayon des aliments surgelés ! Non seulement, ces bâtonnets glacés sont d'excellents desserts ou collations, mais en plus, ils plaisent aux enfants et vous permettent de faire le plein de vrais fruits au lieu de saveurs artificielles. Cliquez sur ce lien pour voir la recette : https://groupewomency.com/blogs/recettes/popsicles-pour-la-famille.
Les produits biologiques
Les produits certifiés biologiques sont super, mais parfois un peu trop chers. On peut se contenter d'acheter ceux qui sont en réduction si on a un budget plus restreint. Sachez que les magasins bio ont tous des spéciaux comme n'importe quel autre magasin. En plus, si davantage de gens se tournent vers l’alimentation biologique, peut-être que les prix baisseront. Attention cependant de bien vérifier les ingrédients et les certifications même s’il est inscrit « bio » sur le paquet ou l’écriteau.
Conclusion
On a un pouvoir en tant qu'acheteur et cela peut faire changer les choses. Les industries s'ajustent aux demandes des consommateurs[5]. Lorsqu’ils voient que les clients ne veulent pas de tel ou tel produit ou ingrédient, alors ils font des changements. Sans compter les lois qui sont mises en place pour forcer les fabricants à se soumettre à des pratiques moins dommageables pour la santé. Préférez les produits moins transformés et moins industrialisés, faites des choix équilibrés ! Continuez à nous suivre sur le site du Groupe Womency, pour davantage de conseils santé.
Valérie Proulx
Journaliste santé
16 octobre 2023
Sources
[En ligne]. Additifs alimentaires. Disponible : https://www.quechoisir.org/comparatif-additifs-alimentaires-n56877/e460-cellulose-cellulose-microcristalline-cellulose-en-poudre-p256840/
Cara G. Association entre la consommation d’additifs alimentaires émulsifiants et le risque de maladies cardiovasculaires. Salle de presse de l’Inserm [En ligne]. 6 sept 2023 ; Disponible : https://presse.inserm.fr/association-entre-la-consommation-dadditifs-alimentaires-emulsifiants-et-le-risque-de-maladies-cardiovasculaires/67400/
Canada.ca [En ligne]. Canada S. Additifs alimentaires ; 14 déc 2016. Disponible : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/salubrite-aliments/additifs-alimentaires.html%C3%A0
Canada.ca [En ligne]. Canada S. Sulfites - allergènes prioritaires ; 31 août 2016. Disponible : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/rapports-publications/salubrite-aliments/sulfites-allergenes-prioritaires.html
Huot I. Les additifs sous la loupe. Le Journal de Montréal [En ligne]. 24 nov 2019 ; Disponible : https://www.journaldemontreal.com/2019/11/24/les-additifs-sous-la-loupe
Trasande L, Shaffer RM, Sathyanarayana S. Food additives and child health. Pediatrics [En ligne]. American Academy of Pediatrics ; 23 juill 2018 ; 142(2) : e20181408. Disponible : https://doi.org/10.1542/peds.2018-1408
Manuels MSD pour le grand public [En ligne]. Bhupathiraju SN, Hu F. Additifs et contaminants alimentaires ; 9 oct 2023. Disponible : https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-de-la-nutrition/pr%C3%A9sentation-de-la-nutrition/additifs-et-contaminants-alimentaires
World Health Organization : WHO. Résidus de pesticides dans les aliments. www.who.int [En ligne]. 15 sept 2022 ; Disponible : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/pesticide-residues-in-food
Canada.ca [En ligne]. Canada S. Conformité et application de la loi pour les pesticides : aperçu ; 16 nov 2022. Disponible : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/produits-antiparasitaires/conformite-application-loi-pesticides.html
[En ligne]. Du Canada La Régie De L’énergie Du Canada G. ONÉ - Aperçu du marché : Des produits pétrochimiques dans la vie quotidienne ; 10 août 2023. Disponible : https://www.cer-rec.gc.ca/fr/donnees-analyse/marches-energetiques/apercu-marches/2018/apercu-marche-produits-petrochimiques-dans-vie-quotidienne.html#:~:text=Figurent%20au%20nombre%20de%20tels,et%20rev%C3%AAtements%20d%C3%A9riv%C3%A9s%20du%20p%C3%A9trole
Canada.ca [En ligne]. Canada S. Foire aux questions - stimulateurs de croissance hormonaux ; 5 sept 2012. Disponible : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/medicaments-produits-sante/medicaments-veterinaires/infofiches-faq/stimulateurs-croissance-hormonaux.html
Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail [En ligne]. Limites maximales de résidus (LMR) de médicaments vétérinaires ; 20 juin 2023. Disponible : https://www.anses.fr/fr/content/limites-maximales-de-r%C3%A9sidus-lmr-de-m%C3%A9dicaments-v%C3%A9t%C3%A9rinaires
https://www.openedition.org/12554 [En ligne]. Sanders P. 5.5. Médicaments vétérinaires et santé humaine. Disponible : https://books.openedition.org/editionscnrs/10420?lang=fr
https://www.urps-ml-paca.org [En ligne]. Comment protéger mes patients de la contamination chimique & des perturbateurs endocriniens ; 2018 [cité le 16 oct 2023]. Disponible : http://www.urps-ml-paca.org/wp-content/uploads/2019/06/Guide-Perturbateurs-Endocriniens.pdf (Plusieurs docteurs ont participé à la réalisation de ce guide, notamment : Dr Laurent Saccomano président de l’URPS Médecins Libéraux PACA, Dr Wilfrid Guardigli pilote Axe Prévention.)
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